Le sentier serpentait entre les collines parfumées du Luberon, baigné par une lumière douce qui caressait les pierres sèches et les herbes sauvages. Gabriel Lumiel avançait lentement, s’arrêtant parfois pour contempler l’horizon. Les ocres rouges de Roussillon, au loin, semblaient vibrer sous le soleil naissant, et le chant des cigales s’élevait comme une prière ancienne. Ici, dans ce coin de Provence où le temps semblait suspendu, Gabriel trouvait la paix. Chaque matin, il s’offrait cette parenthèse, une marche méditative au cœur de la nature, pour aligner ses pensées, retrouver son centre.

Mais ce jour-là, alors qu’il longeait un champ de lavande encore endormi, une image surgit de sa mémoire, vive et précise. Montmartre. Ses rues pavées, ses escaliers infinis, ses artistes éparpillés comme des fragments d’un rêve bohème. Gabriel y avait vécu dans ses jeunes années, à une époque où tout en lui était chaos et effervescence. Il se souvenait des aurores silencieuses, quand la ville s’éveillait à peine, et des footings qu’il faisait, seul, dans les ruelles désertes.

C’était un de ces matins-là que l’histoire avait commencé.

Il était cinq heures, peut-être cinq heures trente. Le ciel, encore teinté de bleu nuit, laissait entrevoir les premières lueurs du jour. Gabriel courait, ses baskets frappant doucement les pavés humides, respirant l’air frais d’une ville qui dormait encore. Il aimait ces instants volés, où Montmartre lui appartenait presque entièrement. Tout était calme, sauf son esprit, agité comme un torrent. À cette époque, il jonglait entre plusieurs projets, incapable de choisir une direction, dispersé dans mille ambitions.

En passant devant le Sacré-Cœur, il ralentit. Une silhouette se tenait là, assise sur les marches, immobile comme une statue. Un homme, drapé dans un long manteau sombre, un chapeau légèrement incliné sur son visage. Gabriel aurait pu continuer son chemin, mais quelque chose dans cet étranger l’arrêta. Peut-être était-ce la manière dont il semblait si parfaitement en paix, ou peut-être était-ce simplement une intuition.

— Vous êtes bien matinal, lança Gabriel, plus par politesse que par véritable curiosité.

L’homme leva les yeux vers lui, et Gabriel fut frappé par l’intensité de son regard. Deux prunelles sombres, profondes, comme si elles portaient en elles le poids de mille vies.

— Et vous, vous courez pour fuir ou pour trouver ? répondit-il avec un sourire énigmatique.

Gabriel resta stupéfait. La question, simple en apparence, le déstabilisa complètement.

— Je… Je cours pour réfléchir, finit-il par dire, mal à l’aise sous le regard perçant de l’inconnu.

L’homme hocha lentement la tête, comme s’il attendait cette réponse.

— Réfléchir… Voilà bien le piège de nos esprits modernes. Toujours à vouloir tout embrasser, tout comprendre, tout résoudre. Mais dites-moi, jeune homme, avez-vous déjà essayé de ne penser qu’à une seule chose ?

Gabriel fronça les sourcils.

— Une seule chose ?

— Oui, une seule. Non pas mille idées qui s’entrechoquent, mais une pensée claire, nette, comme un rayon de lumière qui perce l’obscurité. C’est cela, le véritable pouvoir du focus.

Gabriel s’assit à côté de lui, presque malgré lui, attiré par la gravité de ses mots.

— Vous savez, reprit l’homme, la concentration est comme un feu. Dispersée, votre énergie ne fait qu’un faible éclat, mais focalisée, elle peut illuminer le monde. Regardez autour de vous. Tout ce qui a de la valeur – une œuvre d’art, une invention, une vie bien vécue – est le fruit du focus.

Gabriel écoutait, fasciné. L’homme continua, sa voix douce comme un murmure :

— La plupart des gens passent leur vie à courir après mille choses, croyant que la dispersion est une richesse. Mais en vérité, c’est une pauvreté déguisée. Ce n’est qu’en concentrant votre énergie sur l’essentiel que vous trouverez le sens, et avec lui, la paix.

Ils restèrent là un moment, en silence, regardant Paris s’éveiller. Gabriel ne connaissait pas le nom de cet homme, ni d’où il venait, mais ses paroles résonnèrent en lui comme une vérité qu’il avait toujours pressentie sans jamais pouvoir la formuler.

Ce matin-là, en quittant Montmartre, Gabriel avait décidé de changer. Il ne savait pas encore comment, mais il savait pourquoi. Il voulait apprendre à concentrer son énergie, à ne plus se disperser. Ce fut un long chemin, parsemé d’échecs et de détours, mais cette rencontre devint le point de départ d’une transformation profonde.

Aujourd’hui, alors qu’il marchait dans les collines du Luberon, Gabriel sourit à ce souvenir. Il comprenait enfin ce que l’homme avait voulu dire. Le focus n’était pas seulement une compétence, c’était une manière de vivre. Une manière de choisir l’essentiel, encore et encore, dans un monde qui nous pousse à tout embrasser.

Il s’arrêta au sommet d’une colline, regardant le paysage s’étendre à perte de vue. Le vent jouait doucement avec les brins d’herbe, et le ciel, d’un bleu éclatant, semblait lui murmurer une promesse : celle que, tant qu’il garderait son regard fixé sur son étoile intérieure, il ne se perdrait jamais.

Et Gabriel, avec une gratitude silencieuse, reprit sa marche.

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