Novembre 2045. Les collines du Lubéron s’embrasent sous les teintes dorées de l’automne, et une brise légère caresse les fenêtres ouvertes de mon bureau-atelier. Ce lieu, à mi-chemin entre un refuge et un espace de création, est devenu mon sanctuaire depuis que j’ai quitté le tumulte du monde professionnel. Aujourd’hui, je trie mes affaires, redonne de l’ordre à ces fragments de vie accumulés au fil des ans. C’est dans cet élan de rangement que mes mains tombent sur un livre oublié, un ouvrage usé par le temps, sa couverture ornée de caractères japonais. Il traite des arts martiaux, et plus précisément du judo.

Je m’arrête, le souffle suspendu, comme si cet objet avait attendu ce moment précis pour refaire surface. En ouvrant ses pages jaunies, je suis transporté. Les mots, les schémas, les enseignements me ramènent à mon enfance, à ces années passées sur le tatami, dans un dojo où j’ai appris bien plus que des techniques de combat. Car le judo, pour moi, n’a jamais été qu’un sport. C’était une école de vie, un chemin initiatique.

Enfant, puis adolescent, le judo a été une boussole dans ma vie. Chaque chute était une leçon, chaque combat une opportunité de progresser. Mais ce n’est que bien plus tard, après une expérience marquante, que les principes du judo ont pris tout leur sens. Cette expérience, c’était un voyage initiatique au Japon, un périple d’un an que j’ai entrepris juste après l’éclipse totale du 11 août 1999. Je me souviens encore de ce jour. Le monde entier semblait suspendu sous cette obscurité passagère, comme un symbole de transformation imminente. Quelques semaines plus tard, je quittais tout pour m’immerger dans une culture qui me fascinait depuis toujours.

Ce voyage n’était pas simplement une aventure touristique. C’était une quête, un besoin de me reconnecter à l’essentiel, de comprendre des valeurs profondes que je pressentais mais ne maîtrisais pas encore. À Kyoto, dans un dojo baigné de lumière tamisée, j’ai eu la chance de m’entraîner sous la direction d’un shihan (師範), le terme japonais désignant un maître judoka de haut rang, un guide spirituel autant que technique dans l’art du judo. Et pourtant, malgré l’impact qu’il a eu sur moi, son nom s’est effacé de ma mémoire, comme si son rôle avait été de me transmettre un enseignement, puis de disparaître. Ce que je garde de lui, ce sont ses gestes précis, ses paroles empreintes de sagesse, et cette idée que le judo est bien plus qu’un art martial : c’est une manière d’être au monde.

Dans le judo, il existe un principe fondamental : Seiryoku Zen’yō, que l’on traduit par « Utilisation Optimale des Ressources » ou encore « Maximum d’Efficacité, Minimum d’Effort ». Tout dans cette discipline repose sur l’idée que l’on peut atteindre des résultats spectaculaires avec un minimum d’effort, à condition de bien comprendre et utiliser les forces en présence. Une projection réussie, par exemple, ne nécessite pas de force brute mais une parfaite synchronisation entre le mouvement de l’adversaire et le vôtre. Il ne s’agit pas de lutter contre l’énergie adverse, mais de la canaliser, de l’accompagner et de la transformer en une opportunité.

Dans le recrutement, ce principe m’a appris à optimiser mes ressources – temps, outils, budget – pour maximiser les résultats. Cela implique de se concentrer sur les actions à forte valeur ajoutée, comme la compréhension profonde des besoins des candidats et des entreprises. Par exemple, l’utilisation d’un ATS (Applicant Tracking System) n’est pas seulement un outil pour gérer des CV, mais une force à canaliser pour automatiser les tâches répétitives et libérer du temps pour des interactions humaines de qualité.

Aujourd’hui, les ATS ne sont plus ces simples bases de données où l’on stockait des CV. Ils sont devenus des plateformes intelligentes, enrichies par l’intelligence artificielle, capables d’analyser des milliers de candidatures en quelques secondes. Grâce à des algorithmes avancés, ils peuvent non seulement trier les profils en fonction des compétences techniques, mais aussi détecter des correspondances subtiles, comme la compatibilité culturelle ou les soft skills. Mais, comme dans le judo, l’efficacité de l’outil dépend de celui qui l’utilise. Un ATS mal configuré ou utilisé sans réflexion peut devenir un obstacle, un gouffre où se perdent des talents prometteurs. C’est pourquoi il est crucial d’humaniser la technologie, de la mettre au service de l’écoute et de l’empathie.

L’automatisation, loin de déshumaniser le processus, est une opportunité de recentrer le recruteur sur ce qui compte vraiment : l’humain. Lorsque les tâches répétitives – comme le tri des candidatures, la planification des entretiens ou l’envoi de réponses automatiques – sont prises en charge par des outils, le recruteur retrouve du temps pour établir un véritable dialogue avec les candidats. Ce temps retrouvé permet de poser les bonnes questions, d’écouter avec attention, de comprendre les aspirations profondes et les motivations. L’IA, lorsqu’elle est bien utilisée, devient une alliée précieuse pour détecter des signaux faibles, mais elle ne remplacera jamais l’intuition humaine, cette capacité unique à percevoir ce qui ne peut être quantifié.

Mais le judo ne se limite pas à Seiryoku Zen’yō. Un autre principe fondamental, Jita Kyōei, porte une leçon tout aussi essentielle : « Entraide et Prospérité Mutuelle ». Cette idée, que mon maître shihan répétait souvent, m’a profondément marqué. Dans la pratique, cela signifie que la véritable victoire ne consiste pas à écraser l’autre, mais à créer une situation où chacun peut grandir. Ce principe m’a guidé dans ma mission de recruteur : construire des ponts entre les entreprises et les talents, en veillant à ce que chaque partie trouve son équilibre et sa satisfaction.

Jita Kyōei exige une écoute active et une empathie sincère. Écouter, dans ce contexte, ne signifie pas simplement entendre les mots, mais comprendre ce qui est dit entre les lignes, percevoir les besoins non exprimés, les aspirations enfouies. L’empathie, quant à elle, est cette capacité à se mettre à la place de l’autre, à ressentir ses émotions, ses doutes, ses espoirs. Dans un monde où la compétition est souvent perçue comme un jeu à somme nulle, cette philosophie d’entraide, nourrie par l’écoute et l’empathie, m’a permis de bâtir des relations plus authentiques et durables.

Jita Kyōei dans le recrutement, c’est aussi comprendre que chaque embauche réussie est une victoire partagée : pour le candidat qui trouve un rôle aligné avec sa mission de vie, pour l’entreprise qui accueille une nouvelle énergie, et pour le recruteur qui a su orchestrer cette rencontre. C’est un cercle vertueux où chacun prospère grâce à l’autre.

Aujourd’hui, alors que je referme ce livre, je réalise à quel point le judo a façonné ma manière de travailler, mais aussi de vivre. Cette discipline m’a appris à voir les défis non comme des obstacles, mais comme des invitations à grandir. Elle m’a enseigné que la véritable force réside dans la souplesse et l’intelligence, dans cette capacité à plier sans rompre, à transformer l’adversité en opportunité, et à rechercher l’harmonie dans chaque interaction.

À vous, qui marchez sur votre propre chemin, je pose cette question : où, dans votre vie ou dans votre carrière, pourriez-vous appliquer les principes du judo ? Où pourriez-vous troquer la résistance pour l’adaptabilité, la rigidité pour la fluidité ? Peut-être, comme moi, découvrirez-vous que le judo, au-delà du tatami, est une philosophie pour trouver l’équilibre, la sérénité, et, finalement, la réussite.

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